Réfléchir à ta relation à l’alcool, c’est forcément à un moment réfléchir à ton environnement…
Comment ton entourage est-il impacté par ta consommation ? Et comment réagira-t-il à ta décision de modifier ta consommation ? Est-ce que tu seras soutenu ?… Par tous ?
En fait, plusieurs cercles sont affectés par ta consommation d’alcool et pourront réagir différemment à ta décision de changer. Nous allons voir que l’entourage peut être un moteur… mais aussi un frein.
Ce sujet est important tout autant qu’il est vaste…
C’est avec humilité que je me lance… et je sais déjà que j’y reviendrai de nombreuses fois dans le futur. Car ce sujet est central ! Aujourd’hui, je vais être un peu manichéen, et je vais essayer de dresser un premier tableau de la situation.
Le premier cercle qui nous vient à l’esprit quand on parle d’entourage, c’est celui que j’appelle les proches. Ce sont des gens qui te connaissent (te connaissaient) en dehors de ton « contexte alcool ».
C’est par exemple le parent qui te voit rentrer tard, perdre pied, tomber… C’est souvent la seule personne à qui tu oses encore demander de l’aide dans une situation délicate dont tu préfèrerais ne parler à personne.
Ce sont aussi les enfants, qui attendent que leur maman ou leur papa « redevienne normal ».
C’est un conjoint, qui subit la distanciation, et qui se voit relégué au second rang, loin derrière la bouteille…
C’est ta/ton meilleur ami, qui ne te reconnaît plus, et qui te demande ce que tu fais de ta vie… C’est un collègue, qui parfois couvre ton retard, ton absence, voire carrément une faute au travail…
Ces personnes te connaissent peut-être depuis longtemps, avant que ne s’installe ta dépendance. Ils sont les témoins de ta transformation. Parfois, ils essaient d’interférer… ils te parlent de ta situation, ils te soutiennent contre vents et marées dans ton combat silencieux. Peut-être maladroitement. Peut-être pas comme tu le voudrais… peut-être que tu préfèrerais parfois qu’ils te laissent tranquille. Mais ils t’aiment tout autant qu’ils ne te comprennent plus. Alors souvent tu as honte qu’ils te voient comme ça, ce n’est pas l’image de toi que tu veux renvoyer. Tu sais que tu les déçois, pourtant tu fais des efforts, mais ce n’est jamais assez… et les efforts ne tiennent pas vraiment.
Ces proches souffrent de ta consommation. Ils font tout pour t’aider, te couvrir… mais aussi essaient de te faire bouger, de te tirer de ce trou dans lequel tu te débats !
Ils souffrent pour eux, ils souffrent pour toi, ils souffrent sans doute de la rupture de votre lien… et puis ils ont leurs propres blessures.
Un parent qui n’est pas là pour son enfant, un couple détruit par l’alcool, un ami très cher qui se volatilise… bref, le vide béant laissé par l’absence émotionnelle ou la disparition progressive de l’esprit d’une personne chère. Et encore, je ne parle que de la disparition. Je n’aborde pas aujourd’hui la liste longue comme le bras des catastrophes et autres drames humains créés par l’alcool, qui va du physique au psychologique…
La liste des victimes de l’alcool, ce n’est pas uniquement le nom des alcoolo-dépendants écrits les uns derrière les autres. Ce sont toutes les personnes touchées de près ou de loin par la consommation d’une personne dans leur entourage. Celles-ci aussi sont les victimes de l’alcool. On n’en parle pas assez souvent. Elles sont silencieuses pour beaucoup mais les traumatismes sont là et bien réels. Je ne dis pas ça pour te jeter la pierre. Tu le fais bien assez tout seul. Je le dis parce que toutes ces personnes sont concernées par la dépendance, même si leur problème à elles n’est pas leur dépendance, mais celle d’un autre. On dit qu’elles sont co-dépendantes.
La base du problème est la dépendance d’une personne mais l’onde de choc peut s’étendre très très loin… C’est une réalité.
Sous mon objectif de « Comprendre » (Comprendre / agir / maintenir), je veux m’adresser à l’ensemble des personnes concernées de près ou de loin par la dépendance. Aider l’alcoolo-dépendant à se comprendre… aider les proches à comprendre ce qui se passe chez la personne dépendante.
Le deuxième cercle des personnes concernées par ta consommation, c’est le cercle des personnes avec qui tu bois. C’est celui que finalement tu peux déranger en décidant de sortir de l’alcool. Parce qu’en décidant de t’interroger d’abord puis d’agir sur ta consommation, tu vas taper dans la fourmilière. Et bien souvent, il y a un groupe… et tu prends le risque de confronter ce groupe à ses propres démons. Consciemment ou non, ta décision de changer va faire son chemin dans l’esprit des autres. Ils vont se demander si tu n’as pas raison. Consciemment ou non… Si eux-mêmes ne feraient pas mieux d’en faire autant. La bonne nouvelle, c’est que tu peux faire des émules ! Tu peux, par ton exemple, créer le déclic chez quelqu’un…
Mais la plupart t’en voudront sûrement. Parce que oui tu auras changé. Parce que oui tu n’es plus aussi cool qu’avant. La réalité, bien souvent, c’est que l’effet miroir est puissant et peut être douloureux… Certains verront dans ton choix ce qu’ils ne veulent pas voir chez eux. Pour finalement, inconsciemment ressentir une forme de jalousie pour ce courage dont tu fais preuve et qui leur fait défaut.
Leur propre dépendance n’aime pas ça… toute l’énergie que leur tête leur fournit pour justifier leur consommation va maintenant aussi s’orienter vers le fait que tu ne dois pas arrêter non plus… Et là, tous les moyens sont bons… pression sociale, chantage émotionnel, disputes, ruptures… tu les as peut-être déjà vécus, ou en tout cas tu les anticipes… et ces réactions risquent d’avoir d’autant plus de force qu’elles viennent ébranler ta propre détermination, déjà mise à mal par les mécanismes si forts et si insidieux de la dépendance. Donc dans ce contexte, le mouvement vers l’inconnu, la sortie de ta zone de confort est un chemin semé d´embûches…
De mon expérience, la clé pour faire face à ces difficultés avec une certaine sérénité, c’est de réaliser que ta décision ne touche réellement et premièrement qu’un seul cercle. J’hésitais à en parler au début… peut-être que tu t’en es rendu compte et qu’il manquait dans ma liste… Le premier cercle c’est toi.
Parce que la décision de sortir de la dépendance c’est d’abord TA décision !
C’est ta décision !
Avec les motivations qui sont les tiennes et qui t’aident.
Alors oui, tu auras un soutien sans faille de certains qui ne comprendront sans doute pas tous la lutte que tu mènes en arrêtant mais ils seront toujours là, te féliciteront, seront fiers de toi comme tu le seras toi aussi.
Et tu auras les autres qui vont peut être t’embêter un peu, voire se moquer, et bien souvent t’inciter à continuer encore un peu, « juste une fois », « juste ce soir »… Laisse ça de côté, tu as déjà fort à faire avec ta dépendance, ne te préoccupe pas de celles des autres… pourquoi je parle de leur dépendance ? Parce ceux dont la relation avec l’alcool n’est pas problématique, ils s’en fichent, ce ne sont pas eux qui t’embêteront.
Chaque jour sans alcool te dotera d’une force sans pareil sur le chemin de ta liberté. Crois en toi, ne te laisse pas surprendre ni toucher par les réactions qui pourraient te faire vaciller, reste concentré sur ton objectif. Sur tes motivations profondes, tes convictions.
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