J’ai rechuté plusieurs fois avant de me fixer sur les rails de l’abstinence. Et je n’ai jamais rencontré un alcoolo-dépendant qui n’ait pas fait au moins une rechute lors de son parcours.
C’est la norme. C’est normal.
S’arrêter de boire de l’alcool, c’est quitter une amie, une compagne, c’est quitter une béquille, une partenaire de jeu.
Psychologiquement, s’arrêter de boire, c’est quitter un comportement efficace qui, pendant des années, a fait ses preuves dans bon nombre de situations. Dans les moments de joie, de peine, de honte, de doute, d’excitation…
Physiquement, s’arrêter de boire, c’est cesser d’alimenter son corps d’une substance dont celui-ci a maintenant besoin pour fonctionner.
Tous ceux qui l’ont expérimenté le savent, s’arrêter de boire est une décision importante, loin d’être anodine. Et même si la dépendance physique disparaît finalement assez vite, il faut davantage de temps pour mettre un terme à la dépendance psychologique…
Ainsi, pendant des semaines, voire des mois, tous les jours la question reviendra… pourquoi ai-je arrêté ? Suis-je vraiment dépendant finalement ? Avais-je vraiment un problème d’alcool ?… Parce que là, je crois que je ne suis plus très sûr… sans doute que je pourrais réessayer sans risque… juste essayer… boire comme une « personne normale »…
C’est une évidence, le temps va nous mettre au défi, jusqu’à peut-être nous faire oublier les raisons de notre décision, toutes nos bonnes résolutions.
Pour celui dont c’est la première fois, bien sûr qu’il a entendu dire qu’il ne fallait pas retoucher au produit sous peine de replonger très vite, bien sûr qu’il a entendu dire que jamais plus il ne pourrait reboire « normalement », bien sûr qu’il a entendu dire ceci… ou cela…
S’arrêter de boire pour une personne dépendante est une décision majeure… Mais pourra-t-elle se satisfaire de ce qu’elle a entendu ? De ce qu’on lui a dit ? Pourra-t-elle répondre longtemps par la négative à sa tête et son corps qui lui hurlent ensemble et en permanence ce besoin de boire – simplement parce qu’elle l’a entendu dire ?
La réponse est non.
Tout comme elle a expérimenté l’alcool, elle va devoir expérimenter la rechute… L’expérience est indispensable pour comprendre, ressentir et faire de ces arguments, ensuite, des piliers dans la construction de sa réussite vers une abstinence durable et heureuse.
Alors oui, la rechute est normale… parce que chaque individu doit comprendre, ressentir et valider au plus profond de lui que ce qu’il a entendu dire est vrai.
Et oui la rechute est utile… parce que c’est grâce à elle que la détermination grandit, que la compréhension s’affine. C’est grâce à elle que demain tu sortiras vainqueur de tout ça !
Alors si demain tu vis une rechute… prends la comme elle vient, ne la minimise pas, mais ne lui donne pas plus d’importance qu’elle n’en a. La rechute a un rôle, celui de te rapprocher de ton objectif. Objectif qui n’a jamais été, soit dit en passant, de compter les jours… mais d’enfin être heureux et libre sans alcool.
Fais de cette rechute une force pour repartir vers l’avant ! Et n’attends pas!
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