Aujourd’hui, c’est lundi…
Lorsque je buvais, le lundi était une journée affreuse. Déjà parce qu’après un week-end dans mon monde parallèle, la gueule de bois et le retour à la réalité étaient d’une violence inouïe. Et ensuite parce que le lundi avait un goût de double peine… Il me fallait reconstituer mon week-end dont mes souvenirs étaient partiels… et encore, lorsqu’ils étaient partiels, je m’estimais souvent chanceux.
Mais j’avais une astuce pour m’aider. Au fil de mes soirées, j’avais acquis un automatisme parfaitement rodé : les tickets de carte bleue dans la poche arrière droite de mon jean. Toujours. Et c’est ainsi que le lundi matin venait l’heure des surprises. Empilés devant mes yeux, ces tickets m’aidaient à retracer mon parcours des deux jours passés.
La plupart du temps, il faut bien avouer que ce n’était pas très joli… Et c’était dans un état de peur, de honte, de culpabilité, et de détresse profonde, que parfois je prenais le téléphone… pour appeler les bars où je m’étais rendu et comprendre comment j’avais pu dépenser des sommes aussi folles chez eux en une soirée. Et souvent ça les amusait… Pas moi… qui bien souvent m’écroulais en larmes une fois la communication terminée.
« Le week-end prochain, ce sera différent, c’est plus possible ! »
Et pourtant… j’étais sur les rails de la dépendance et pendant longtemps, tous les lundis se sont ressemblés.
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