Je ne sais pas vous, mais moi je m’impressionnais beaucoup sous alcool ! J’étais persuadé que tout mon potentiel se révélait alors, que j’étais d’une intelligence sans limite, d’un charisme incroyable. Grâce à l’alcool tout était possible, et j’étais vraiment trop fort ! Ça c’est sûr !
En vrai ?…
Regardons de plus près ce qui se passe dans l’organisme humain lorsque nous buvons de l’alcool. Une fois ingéré, l’alcool s’infiltre partout et vient perturber bon nombre de nos échanges neuronaux. Les neurones, on en a près de 100 millions dans notre cerveau et aussi dans notre ventre… ce sont les cellules qui sont à la base de notre système nerveux. Lui-même à la base de nous… de nos pensées, de nos actions, de nos ressentis, de tout. Les neurones communiquent entre eux grâce à des messages chimiques, par le biais de petites molécules appelés neurotransmetteurs.
Et donc que se passe-t-il lorsqu’au milieu de tout ça se pointe l’alcool ?… Et bien c’est l’éclate… totale !
Ainsi, l’alcool amplifie entre autres l’effet du Gaba, un neurotransmetteur calmant… dans le même temps inhibe l’effet du Glutamate, un neurotransmetteur excitant.
Résultat : en buvant, on se sent plus détendu, et plus lent dans nos gestes et nos paroles. On connaît tous ça, l’effet du corps qui ralentit. Ca se voit à l’extérieur… mais à l’intérieur aussi ! Et nos capacités sont freinées, c’est pourquoi il est nous plus difficile de retenir une action, une parole qui ne demande alors qu’à sortir… Avec l’alcool nos inhibitions sautent les unes après les autres.
Donc sous alcool c’est l’éclate, on fait plein de trucs fous, on se sent pousser des ailes.
Dans le même temps, l’alcool retarde la recapture de la dopamine, le neurotransmetteur du plaisir… si utile dans le bon fonctionnement du système de récompense, ce qui accentue son effet.
Résultat : notre cerveau baigne dans un kiff absolu, et longtemps ! Le comportement « boire de l’alcool » est ainsi super validé ! L’alcool est un truc super !
Bilan des courses, lorsque je buvais de l’alcool, j’avais l’impression à l’intérieur d’être une meilleure version de moi, une version qui osait tout, dont les capacités étaient décuplées et cela grâce à l’euphorie créée par l’excès de dopamine. Je n’étais plus juste moi… j’étais un moi au top, un moi augmenté !
En réalité, ce moi au top, il n’existait que dans ma tête. Dans la vraie vie, j’étais plutôt le « pilier de comptoir relou » qui parlait fort et je me rends compte du comportement et de la réalité que j’ai imposés autour de moi.
On a tous connu ça… que celui qui ne l’a jamais vécu me jette la première pierre !
Lorsque que l’on est dépendant, le phénomène se produit à l’identique… à la différence près que les premiers verres ne servent qu’à retrouver l’équilibre intérieur qu’une personne normale connaît. Mais c’est un autre sujet…
Donc pour résumer, lorsqu’on boit de l’alcool, en plus d’être un « nous au top », on prépare déjà le terrain pour la prochaine fois. Et oui forcément… notre cerveau cherchera à reproduire ce qui lui fait tant de bien, ce qui nous rend si bon.
Donc oui, on se fait berner ! Et le pire… on en redemande… encore et encore…
A tel point que quand j’ai décidé d’arrêter de consommer, j’avoue que l’idée de quitter ce moi au top que je trouvais si intelligent, si sociable, si intéressant, qui osait tout… était même difficile à accepter. Un comble pour quelqu’un déteste se faire berner ! Et qui normalement agit pour ne pas que ça se reproduise.
Plus tard, durant mon abstinence, lorsque je voyais des personnes très alcoolisées, qui parlaient fort, qui ne parlaient que d’eux, qui se croyaient seuls au monde, qui divaguaient dans un sens puis dans l’autre, j’ai tilté… Qu’à ce moment sans doute, ils se voyaient grand, fort, intelligent, doué d’une créativité sans égale… En vrai, ils se croyaient impressionnants mais ils ne l’étaient pas… du tout… en fait, ils étaient juste bourrés !
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