Pour quelqu’un de dépendant, l’idée même d’arrêter l’alcool revient à imaginer s’attaquer à l’ascension de l’Everest. Quelque chose d’énorme, d’insurmontable. Ne plus boire de toute sa vie… impensable, irréaliste… Et carrément flippant, admettons le…
Alors oui on imagine l’Everest… Parce qu’il s’agit d’abandonner une substance qui a piraté ton système jusqu’à te rendre esclave. Une substance qui est devenue, au fil de ta consommation, indispensable pour toi et qui occupe aujourd’hui une place centrale dans ta vie.
Parce que lorsqu’on est dépendant, quelles que soient les raisons que l’on se donne, les histoires que l’on se raconte sur notre consommation, c’est d’abord le corps qui a besoin d’alcool pour fonctionner. Tout simplement. Et c’est finalement très basique, le fonctionnement de la dépendance… complexe mais basique…
Alors oui, forcément, se dire que du jour au lendemain tu vas « devoir » changer ton mode de vie, tes habitudes, tes rituels, lâcher l’alcool, refuser des verres… effectivement c’est l’Everest.
Mais en vrai, personne ne voit sa vie comme ça, comme un bloc… la vie est une suite de moments qui s’enchaînent, elle se construit pas à pas, jour par jour… Alors pourquoi ne pas considérer l’abstinence exactement comme ça, comme ça devrait l’être ? Comme un chemin dont chaque pierre et chaque virage se révèlent au fur et à mesure. La sortie de la dépendance se construit juste comme ça… Pas à pas, heure par heure, verre (pas pris) par verre (pas pris). Un jour à la fois.
Et au bout d’un moment, tu regarderas derrière toi et tu verras tout le chemin parcouru. Tu te rendras compte que tu ne comptes même plus en jours… mais que tu l’as fait. Tout simplement. Sans te dire que tu allais escalader la montagne la plus haute de la Terre, mais en te disant que tu allais commencer par un pas. Juste un pas. Et que tu verrais pour le suivant.
Pour résumer, comme toi l’Everest, je l’ai imaginé de nombreuses fois avant de me lancer, ça m’a fait peur, j’ai hésité et rechuté aussi. Mais après quasiment 14 ans d’abstinence… j’ai réussi, juste parce que j’ai commencé.
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