Un midi, en famille au restaurant. Je le reconnais. Lui, comme tant d’autres…
Un regard entendu au serveur – l’apéritif est commandé. S’ensuivent quelques mouvements nerveux mais le verre est servi rapidement. Aussitôt, gorgée après gorgée, précisément, méticuleusement, arithmétiquement, chaque centilitre est exploité grâce à un calcul expert. Le stress de l’attente fait place, comme prévu, à un doux relâchement. Mais il reste en alerte. Où le garçon est-il ? Il le suit du regard… Il va falloir commander la suite… par chance, le serveur est professionnel, il n’est jamais bien loin… il les connaît bien, ses “clients aux besoins particuliers”. La bouteille qui arrive précède les plats, dans une chorégraphie parfaite, alors que se termine l’anisé. A peine vide, le verre est rempli, et la bouteille, “on se la partage ?”, n’aura jamais vraiment pris d’autre direction. Au moment du dessert… J’avais jeté un regard à la carte. Pas de baba au rhum… Je n’ai pas pu entendre sa commande, mais lorsqu’arrive l’irish coffee, je n’ai pas besoin de tourner la tête pour savoir à qui il est destiné.
Il suffit parfois d’une expression, d’un regard, d’un geste, pour me rappeler celui que j’ai été. A cette personne, je voudrais dire que je sais ce qu’elle ressent, que non ce comportement n’est pas normal. Qu’il peut quitter ça, que d’autres l’ont fait. Que ce n’est pas une fatalité et qu’on n’ est pas heureux comme ca, même si on arrive à déguiser sa dépendance avec des gestes socialement acceptables et … acceptés…
L’alcool est partout, la dépendance frappe partout. Depuis 14 ans je m’en rends tellement compte… Je ne veux laisser personne dans sa dépendance à l’alcool.
0 commentaires